Alcool

En 1912, Jack London a écrit John Barleycorn. C'est mot à mot "Jean Grain d'Orge". Il s'agit de l'orge avec lequel on fait le whisky. Pour London, l'alcool fut toujours un objet de fascination et d'inquiétude. Dans les bas quartiers de San francisco ou de Oakland où il grandit et devint livreur de glace, vendeur de journaux, marin, ouvrier ou pilleur d'huitres, pas question de convivialité sans alcool. Pour les pauvres, l'alcool c'est la communication, la fraternité et la consolation.

Puis, avec les succès, vint l'alcoolisme profond, "mondain" et hypocrite à côté duquel les bruyantes soûleries des marins étaient des souvenirs heureux. Ce furent alors les crises de dépression, de colère parfois, et la "tristesse cosmique" que John Barleycorn inflige à ceux qui lui ont vendu leur âme.

Pour combattre ce démon et tenter un exorcisme, en 1912, au retour d'un voyage de six mois de New York à san Francisco par le Cap Horn, London décide d'écrire son "autobiographie d'alcoolique". Faisant fi de son image d'auteur à succès, il entreprend de raconter le cheminement inéluctable qui plonge un enfant pauvre dans les griffes de J.Barleycorn. Goûter à la bière à cinq ans et au vin à sept, anecdotes.


Le cabaret de la première et de la dernière chance

Johnny Heinold, le patron

Mais quand Jack devient marin, l'alcool est là, dans les ports, il soude les hommes rudes et les rend gais et fraternels. Quand Jack peut s'acheter un petit voilier, c'est une beuverie qui scelle le marché. Et il obtient ses "brevets d'homme" en montrant qu'il sait boire. Le bar de Johnny Heinold, sur le port d'Oakland, devient son lieu favori.

Ensuite, ce sera l'alcool qui permettra à l'ouvrier des usines de supporter un travail harrassant. Et pendant toute sa vie, sur les routes et sur les mers, chaque rencontre importante sera marquée par la présence insidieuse et ambivalente de John Barleycorn. C'est lui qui va stimuler la révolte du jeune militant socialiste, l'esprit d'aventure du chercheur d'or, les recherches du romancier. Il hantera enfin les soirées de l'écrivain reconnu et admiré.

Le livre de London rend compte de cette expérience sous la forme d'une véritable lutte avec l'ange. Faust n'est pas loin. L'écriture épouse les moments de joie et de dépression, elle traduit la force factice et les échecs. Le style joue sur toutes les tonalités, les variations de la syntaxe et les ruptures de rythme. London fait alterner des épisodes narratifs dans lesquels on voit vivre la Calfornie de la fin de la "frontière" et les réflexions sur l'avenir des USA et de la jeunesse. Le livre servit de justificatif aux tenants de la prohibition. On sait que là encore John Barleycorn fut le plus fort.


Textes : Noël MAUBERRET - Photos : Collection Winifred KINGMAN

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